Littérature roumaine est toute littérature écrite en langue roumaine, dans toute partie du monde,

et qui transmet des valeurs universelles d'humanité, de paix, de justice, d'action et de solidarité. (MW)

 

Ce qu'être roumain veut dire / What Being Romanian Means

 

 

MIHAI EMINESCU (1850-1889)

 

Le pauvre Dionis suivi de Cezara, Arles: Actes Sud, 1993. 

ISBN 2868699480. Traduit du roumain par Michel Wattremez

Deux nouvelles d'un classique moderne:  la réincarnation de Dan le moine en Dionis, et l'amour de Ieronim et de Cezara dans l'île merveilleuse d'Euthanasius.

                                            "Cinis et umbra sumus."

 

Poèmes posthumes suivis de Fragmentarium, Lille: wattremez.com, 2002. 96 p. Traduit du roumain par Michel Wattremez. 100 ans avant Cioran, l'un des poètes les plus originaux et les plus pathétiques de la littérature européenne explore les cimes du désespoir pour chercher un sens à la vie.

   

Michel Wattremez, "Mihai Eminescu et Gérard de Nerval. Etude comparative", Cahiers Eminescu, VI, Bucarest, 1985, pp.143-166. Aux sources de l'Allemagne, la rencontre de deux imaginaires qu'unissent la Musique et le Drame.

 

Mihai Eminescu,"Avec demain grandit ton âge", traduction de Michel Wattremez, Bucarest: Revue roumaine, 12, 1979.

 

 

IONEL TEODOREANU (1897-1954)

La Medeleni : une incroyable trilogie où le roman se dissout dans sa propre représentation, tributaire de Marcel Proust quant à la conception de la littérature comme arche et comme recherche du temps perdu, et d’André Gide quant aux techniques romanesques. Une incursion saisissante dans le mythe moldave.  

Michel Wattremez, L'art romanesque de Ionel Teodoreanu dans La Medeleni (1925-1927), thèse, université d'Aix-Marseille I, 1995, en accès direct.

 

Michel Wattremez, "La Medeleni comme roman du passage", Bucarest: Académie roumaine, Synthesis, XXII, 1995, pp. 77-87.

 

Michel Wattremez, "Jeux de miroirs dans La Medeleni", Bucarest: Académie roumaine, Revue d'histoire et de théorie littéraire, XL, 1992(3-4), pp. 335-342.

 

J'aime beaucoup les lignes suivantes de Ionel Teodoreanu:

 

Când ai trăit o viaţă întreagă printre lucruri şi fapte aspre, purtându-ţi colţii condensatei tale singurătăţi, când ai trăit războiul, dându-ţi seamă că civilizaţia e o pictură nu un organism viu, tenul unui fard, nu al sângelui, când ai simţit mereu că fiecare om, prieten ori duşman, e un copac vasal al codrului primordial, la umbra căruia, în loc de bancă, un lup aşteaptă, în crengile căruia, privighetoare, o gorilă clipeşte lubric; când te-ai deprins să nu mai socoţi viaţa ca un mănunchi de flori, idilic, cules de îngeri şi prefirat din poala lui Dumnezeu, ci ca o absurdă îndârjire milenară într-o vastă indiferenţă spaţială; şi când şuieri melodiile muzicei ca să nu scuipi, şi-ţi apleci ochii pe file ca să-i speli de viaţă, nu ca s-o găseşti acolo ― e ciudat, foarte ciudat, să simţi deodată frăgezimea unui zâmbet omenesc, hărăzit ţie!

 

 

Barbarie, oubli, innocence, sourire, amour

"Quand on a vécu une vie entière parmi des choses et des faits âpres, en arborant les crocs endurcis de la solitude; quand on a vécu la guerre, en s’apercevant que la civilisation est une peinture, pas un organisme vivant, le teint d’un fard, pas celui du sang; quand on a senti continuellement que chaque homme, ami ou ennemi, est un arbre vassal de la forêt primordiale, à l’ombre de laquelle, au lieu de banc, un loup attend, et dans les rameaux de laquelle, rossignol, un gorille cligne de ses yeux lubriques; quand on s’est habitué à ne plus considérer la vie comme une gerbe de fleurs, idyllique, glanée par les anges aux pieds de Dieu, mais comme un absurde acharnement millénaire dans une vaste indifférence spatiale; et quand on siffle les mélodies de la musique pour ne pas cracher, et qu'on baisse ses yeux de la feuille pour les laver de la vie, non pour l’y trouver - il est étrange, très étrange, de sentir soudain la fragilité d’un sourire humain, à soi voué!"    

                                                                                      (Ionel Teodoreanu, La Medeleni, III, 1927, p.48, trad. M. Wattremez.)

 

ALEXANDRU ODOBESCU (1834-1895)

Connu pour son étude sur le Trésor de Pétrossa (Paris, J. Rothschild, 1889-1890), Odobescu l'est moins par son faux traité de chasse, Pseudokynegetikos. En plein XIXe siècle, cet éminent historien roumain francophone, féru d'archéologie, nous donne à relire un texte baroque écrit avec le masque et la plume, et qui pourrait constituer la plus belle et enthousiaste défense d’une Littérature qu'on dit traquéee et moribonde, dans un monde repu d'information mais en anorexie de connaissance et de sagesse.

Quatre études sur Odobescu, l´érudition et la sagesse roumaines

dans le contexte culturel européen

Michel Wattremez, "Pseudokynegetikos ou le doux-gai savoir d'Odobesco", in Littérature et appétit des savoirs, éd. Blanca Acinas, François Géal, Universidad de Burgos, 2014, pp. 107-130. Extrait

Michel Wattremez, "Interférences romantiques : Gérard de Nerval et Alexandru Odobescu", Asociatia Culturala "A. Philippide", Philologica jassyensia, II, 3-4, 2006.      Resumen en castellano

Michel Wattremez, "L'intervention du roumain dans la correspondance française d'Alexandru Odobescu" (1834-1895), Asociatia Culturala "A. Philippide", Philologica jassyensia, I, 1-2, 2005, pp. 99-103.

Michel Wattremez, "Dissimulation et dévoilement dans le Pseudokynegeticos du Roumain Odobescu", Dialogos, Académie d'études économiques, Bucarest, 2003, pp. 40-43.

GRIGORE VIERU (1935-2009)

A l'occasion de la célébration de la Journée du Roumain („Limba Noastră cea Română”) du 31 août 2019, j'ai traduit 5 textes de Grigore Vieru. On trouvera ici le premier, "Albina" (L'abeille). Ce geste est un hommage à la fois à la Moldavie, à la langue roumaine et à ce grand poète européen.       

 L'abeille

Heureux celui qui peut voler,
Celui que l'air aime et soutient.”

Marin Sorescu

A lurie Sadovnic

 

Je viens, ô soeur, encor vers toi

Avec des mots pétris de terre,

Car rien n'est bien où tu n'es pas,

Où rien ne chante ton mystère.

Je devrais de paroles d'or

Te parer mais ne les trouve pas.

Je ne sais comment commencer

Au mieux pour ne vexer personne.

Tu es grain de sable d'argent

A l'aune claire de l'infini.

Mais sur le pain des braves gens

Tu es le miel et rêve exquis.

Etendard plus gonflant de paix

Je n'ai pu voir, ni plus sacré,

Que le drapeau de ton essaim

Survolant l'arbre du pays.

L'aube et toi vous êtes rivales

Quand tu moisonnes les tilleuls.

Mais je n'ose entonner mon chant

Avant que résonne son hymne.

Tu oeuvres gaîment comme sept

Et tu aimes à voler à cru

Et personne n'a le pouvoir,

Personne, d'entraver ton aile.

A toi en mon âme et pensée

Lié pour le bien pour le mal,

Je voudrais au bout de ma route

Que ton essaim me fasse fête.

 

 




Grigore Vieru, Maintenant et à jamais, 2001

Traduit du roumain par Michel Wattremez, 2019. Dédié à S.M.

 

Texte orignal: "Albina", Acum şi în veac: poeme, cântece, confesiuni, Chisinau: Litera International, 2001.

Version électronique: http://poetii-nostri.ro/grigore-vieru-autor-196/

 

Cliché: remerciements à O. Rousseil, Commons, CC

 

  

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