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Lycée Joliot Curie

92000 Nanterre

Accès aux cours: 1ère ST2S2 - 2nde 4 - 2nde 10 - 1ère L2-TPE

 

     

Trousse de l'élève

 

Méthode de l'écrit  

Méthode de l'oral

Fiches pratiques

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                         

Couverture. Ed. Flammarion

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                      

Télémaque et Mentor

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                  

                                                       

                                                        Fénelon

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                            

Edition de Télémaque, 1699

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                        

                         Voltaire

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                   

 Edition de Candide, 1759

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                                     

                                          Pierre de Ronsard

 

 

 

 

 

 

 

                                         Cassandre Salviati

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                        

                                           Gérard de Nerval

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                       

                                  Victor Hugo

à l'époque

                                  des Contemplations

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Victor Hugo jeune

 

 

 

 

 

Le poème mis en musique

et chanté par Julos Beaucarne

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                        Paul Eluard

 

 

Dans le cadre du projet de classe "Prise de confiance à l'oral", voici, à la date du 15 février, quelques-uns des textes étudiés en français.  

Tu peux ainsi t'entraîner seul(e) chez toi à réaliser des exposés d'environ 10mn comme à l'oral de français du Bac.

Pour chaque texte j'ai fourni une question précise (problématique). Les réponses sont données à titre indicatif, sans détails. Mais en développant tu peux réaliser  des  exposés précis. Evidemment les matériaux ne remplacent en aucun cas mes séances; il ne s'agit pas de lectures analytiques.  

 

 

 

  Séquence nº 1

L'Or de Blaise Cendrars 

Objet d'étude:  le personnage de roman, du XVIIe siècle à nos jours

 

Référence: ISBN 9782081359321 Flammarion

 

Blaise Cendrars, L'Or, chapitre I, 1, depuis"La journée venait de venir." jusqu'à "derrière l'enfant trottinant.", p. 35-36.

Problématique: En quoi ce passage peut-il être caractérisé comme un incipit de roman?

 

Introduction: présenter rapidement l’auteur, le texte et le contexte, puis annoncer  clairement la question posée et le plan de la réponse. Ne pas oublier la lecture d'un passage.

 

Développement.

Cet extrait est effectivement un incipit car il exerce les 3 fonctions traditionnelles d’un début: définir le genre du texte et les choix d'écriture, informer le lecteur, accrocher et séduire le lecteur pour qu’il  poursuive sa lecture. Répondre donc en 3 moments.

- Ce passage plante le genre romanesque: "chapitre", point de vue externe, récit à la 3e personne, Suter est vu par les habitants du village, utilisation des temps du passé, récit, discours, description.

- L'incipit fournit au lecteur des informations sur le cadre spatio-temporel (lieu et temps),  sur les personnages (nom, fonction, physique, moral), sur l’action ou intrigue (ce qui se passe). A chaque type d’information donner au moins un exemple du texte de Cendrars (citation).

- L'extrait tente d’intéresser le lecteur comme doit le faire un début. L’étranger est vu par le regard des différents personnages, ces points de vue variés renforcent l'intérêt. L'incipit interroge par ailleurs le lecteur et le motive donc à poursuivre sa lecture: qui est cet étranger ? que vient-il faire dans le village suisse ? que va-t-il se passer ensuite ?  

 

Conclusion qui répond précisément à la problématique puis élargit (un personnage étonnant et encore imprécis, et qui va devenir le "héros" du roman L'Or).

Pour une fiche détaillée sur les fonctions de l'incipit

 

 

Blaise Cendrars, L'Or, chapitre VI, 23, depuis "Malgré les luttes, les batailles..." jusqu'à "devant la porte du maître.", p. 78-80.

Problématique: Qu'est-ce que la "Nouvelle-Helvétie" et quelles en sont les caractéristiques?

 

Introduction: présenter rapidement l’auteur, le texte et le contexte, puis annoncer  clairement la question posée et le plan de la réponse. Ne pas oublier la lecture d'un passage.

Suter vient de suisse. Il donne à cette nouvelle contrée d’Amérique le nom de Nouvelle- Helvétie. Helvétie était le nom latin de la Suisse, il connote la richesse: la Suisse est traditionnellement un pays de banques et une terre fertile.

 

Développement

- Un État prospère et actif

- Un État organisé et protégé

- Un État qui attire l’immigration

Pour chaque argument détailler et citer plusieurs exemples du texte qui font sens.

 

Conclusion qui répond précisément à la problématique puis élargit : la Nouvelle-Helvétie est l’exemple parfait du « rêve américain » : melting pot et prospérité.


Blaise Cendrars, L'Or, chapitre VI, 23, depuis "Malgré les luttes, les batailles..." jusqu'à "devant la porte du maître.", p. 78-80.

Problématique: Par quels moyens littéraires Blaise Cendrars parvient-il à rendre l'impression de foule et d'abondance qui caractérise cette nouvelle Terre promise qu'est la "Nouvelle-Helvétie"?

 

Introduction: présenter rapidement l’auteur, le texte et le contexte, puis annoncer  clairement la question posée et le plan de la réponse. Ne pas oublier la lecture d'un passage. Rappeler la signification de l’expression « Nouvelle-Helvétie ».  

 

Développement

- L’abondance concerne deux éléments à distinguer: les humains (foule) et la nourriture (abondance). 

- Analyser précisément les champs lexicaux très vastes : définition, exemples cités du texte, classement, interprétation.

- L’énumération et l’accumulation dominent, ainsi que les adjectifs numéraux: définitions, exemples cités du texte qui font sens.

 

Conclusion qui répond précisément à la problématique puis élargit : la Nouvelle-Helvétie est à la fois paradis et terre promise. Mais elle est surtout le résultat du travail acharné des hommes.

 

Séquence nº 2

Le héros de roman et son mentor 

Objet d'étude:  le personnage de roman, du XVIIe siècle à nos jours

 

 

 

Fénelon, Les Aventures de Télémaque, livre XIV, depuis "Mais pendant qu'on préparait ainsi les moyens" jusqu'à "ce qui ne lui appartient pas."

 

Mais pendant qu'on préparait ainsi les moyens de conserver la jeunesse pure, innocente, laborieuse, docile et passionnée pour la gloire, Philoclès, qui aimait la guerre, disait à Mentor:

- En vain vous occuperez les jeunes gens à tous ces exercices, si vous les laissez languir dans une paix continuelle, où ils n'auront aucune expérience de la guerre, ni aucun besoin de s'éprouver sur la valeur. Par là vous affaiblirez insensiblement la nation; les courages s'amolliront; les délices corrompront les moeurs: d'autres peuples belliqueux n'auront aucune peine à les vaincre, et, pour avoir voulu éviter les maux que la guerre entraîne après elle, ils tomberont dans une affreuse servitude.

Mentor lui répondit:

"Les maux de la guerre sont encore plus horribles que vous ne pensez. La guerre épuise un Etat et le met toujours en danger de périr, lors même qu'on remporte les plus grandes victoires. Avec quelques avantages qu'on la commence, on n'est jamais sûr de la finir sans être exposé aux plus tragiques renversements de fortune. Avec quelque supériorité de forces qu'on s'engage dans un combat, le moindre mécompte, une terreur panique, un rien vous arrache la victoire qui était déjà dans vos mains et la transporte chez vos ennemis. Quand même on tiendrait dans son camp la victoire comme enchaînée, on se détruirait soi-même en détruisant ses ennemis; on dépeuple son pays; on laisse les terres presque incultes; on trouble le commerce; mais, ce qui est bien pis, on affaiblit les meilleures lois et on laisse corrompre les moeurs: la jeunesse ne s'adonne plus aux lettres; le pressant besoin fait qu'on souffre une licence pernicieuse dans les troupes; la justice, la police, tout souffre de ce désordre. Un roi qui verse le sang de tant d'hommes et qui cause tant de malheurs pour acquérir un peu de gloire ou pour étendre les bornes de son royaume est indigne de la gloire qu'il cherche et mérite de perdre ce qu'il possède, pour avoir voulu usurper ce qui ne lui appartient pas.  

 

 

Problématique: Quels maux Mentor dénonce-t-il dans la guerre?

 

Introduction: présenter rapidement l’auteur, le texte et le contexte, puis annoncer  clairement la question posée et le plan de la réponse. Ne pas oublier la lecture d'un passage. 

 

Développement

La guerre est dangereuse pour un État

L’issue d’une guerre n’est jamais certaine

La guerre est une catastrophe économique et commerciale

Elle entraîne la disparition de l’éducation et des écoles

Elle engendre la corruption et l’anarchie

 

Conclusion:  le puissant qui provoque la guerre et engendre tant de malheurs est indigne de gouverner et mérite de perdre son pouvoir. Passage à mettre en relation avec la dénonciation de la guerre par Voltaire dans Candide, chapitre III.


Fénelon, Les Aventures de Télémaque, livre XIV, depuis "Bientôt Philoclès demanda au roi" jusqu'à "auxquelles ils pussent s'attacher."

 

Bientôt Philoclès demanda au roi de se retirer auprès de Salente, dans une solitude où il continua à vivre pauvrement comme il avait vécu à Samos. Le roi allait avec Mentor le voir presque tous les jours dans son désert. C'est là qu'on examinait les moyens d'affermir les lois et de donner une forme solide au gouvernement pour le bonheur public.

Les deux principales choses qu'on examina furent l'éducation des enfants et la manière de vivre pendant la paix.

Pour les enfants, Mentor disait:

- Ils appartiennent moins à leurs parents qu'à la république; ils sont les enfants du peuple, ils en sont l'espérance et la force; il n'est pas temps de les corriger quand ils se sont corrompus. C'est peu que de les exclure des emplois, lorsqu'on voit qu'ils s'en sont rendus indignes; il vaut bien mieux prévenir le mal que d'être réduit à le punir. Le roi, ajoutait-il, qui est le père de tout son peuple, est encore plus particulièrement le père de toute la jeunesse, qui est la fleur de toute la nation. C'est dans la fleur qu'il faut préparer les fruits: que le roi ne dédaigne donc pas de veiller et de faire veiller sur l'éducation qu'on donne aux enfants. Qu'il tienne ferme pour faire observer les lois de Minos, qui ordonnent qu'on élève les enfants dans le mépris de la douleur et de la mort; qu'on mette l'honneur à fuir les délices et les richesses; que l'injustice, le mensonge, l'ingratitude et la mollesse passent pour des vices infâmes; qu'on leur apprenne, dès leur tendre enfance, à chanter les louanges de héros qui ont été aimés des dieux, qui ont fait des actions généreuses pour leurs patries et qui ont fait éclater leur courage dans les combats. Que le charme de la musique saisisse leurs âmes pour rendre leurs moeurs douces et pures; qu'ils apprennent à être tendres pour leurs amis, fidèles à leurs alliés, équitables pour tous les hommes, même pour leurs plus cruels ennemis; qu'ils craignent moins la mort et les tourments que le moindre reproche de leurs consciences. Si, de bonne heure, on remplit les enfants de ces grandes maximes et qu'on les fasse entrer dans leur coeur par la douceur du chant, il y en aura peu qui ne s'enflamment de l'amour de la gloire et de la vertu.

Mentor ajoutait qu'il était capital d'établir des écoles publiques pour accoutumer la jeunesse aux plus rudes exercices du corps et pour éviter la mollesse et l'oisiveté, qui corrompent les plus beaux naturels; il voulait une grande variété de jeux et de spectacles qui animassent tout le peuple, mais surtout qui exerçassent les corps pour les rendre adroits, souples et vigoureux: il ajoutait des prix pour exciter une noble émulation. Mais ce qu'il souhaitait le plus pour les bonnes moeurs, c'est que les jeunes gens se mariassent de bonne heure et que leurs parents, sans aucune vue d'intérêt, leur laissassent choisir des femmes agréables de corps et d'esprit, auxquelles ils pussent s'attacher. 

 

 

Problématique: Comment Mentor conçoit-il l'éducation de la jeunesse?

 

Introduction: présenter rapidement l’auteur, le texte et le contexte, puis annoncer  clairement la question posée et le plan de la réponse. Ne pas oublier la lecture d'un passage.

 

Développement

Selon Mentor, guide et éducateur de Télémaque, l’éducation de la jeunesse doit avoir les caractéristiques suivantes :

- Elle est confiée à l’État ("république", "écoles publiques")

- Elle est stoïcienne : on inculque aux jeunes le sens de l’effort et de l’indifférence à la douleur ("mépris de la douleur et de la mort")

- Elle est morale : on enseigne aux jeunes des valeurs : justice, vérité, gratitude, force, fidélité…

- Elle est patriotique et religieuse, offrant aux jeunes de bons modèles à imiter  

- Elle est artistique et ludique : elle ne néglige pas l’enseignement des arts, le jeu 

- Elle développe à la fois le corps et l'esprit dans un esprit de compétition et de "noble émulation"

 

Conclusion qui répond précisément à la problématique puis élargit : lien de Fénelon avec l'éducation humaniste (Rabelais, Montaigne).

 

Voltaire, Candide, chapitre 1, depuis "Il y avait en Westphalie" jusqu'à "et par conséquent de toute la terre."

 

 CHAPITRE PREMIER
Comment Candide fut élevé dans un beau château,
 

et comment il fut chassé d’icelui

Il y avait en Westphalie, dans le château de M. le baron de Thunder-ten-tronckh, un jeune garçon à qui la nature avait donné les moeurs les plus douces. Sa physionomie annonçait son âme. Il avait le jugement assez droit, avec l'esprit le plus simple ; c'est, je crois, pour cette raison qu'on le nommait Candide. Les anciens domestiques de la maison soupçonnaient qu'il était fils de la soeur de monsieur le baron et d'un bon et honnête gentilhomme du voisinage, que cette demoiselle ne voulut jamais épouser parce qu'il n'avait pu prouver que soixante et onze quartiers, et que le reste de son arbre généalogique avait été perdu par l'injure du temps.

Monsieur le baron était un des plus puissants seigneurs de la Westphalie, car son château avait une porte et des fenêtres. Sa grande salle même était ornée d'une tapisserie. Tous les chiens de ses basses-cours composaient une meute dans le besoin ; ses palefreniers étaient ses piqueurs ; le vicaire du village était son grand aumônier. Ils l'appelaient tous monseigneur, et ils riaient quand il faisait des contes.

Madame la baronne, qui pesait environ trois cent cinquante livres, s'attirait par là une très grande considération, et faisait les honneurs de la maison avec une dignité qui la rendait encore plus respectable. Sa fille Cunégonde, âgée de dix-sept ans, était haute en couleur, fraîche, grasse, appétissante. Le fils du baron paraissait en tout digne de son père. Le précepteur Pangloss était l'oracle de la maison, et le petit Candide écoutait ses leçons avec toute la bonne foi de son âge et de son caractère.

Pangloss enseignait la métaphysico-théologo-cosmolonigologie. Il prouvait admirablement qu'il n'y a point d'effet sans cause, et que, dans ce meilleur des mondes possibles, le château de monseigneur le baron était le plus beau des châteaux et madame la meilleure des baronnes possibles.

« Il est démontré, disait-il, que les choses ne peuvent être autrement : car, tout étant fait pour une fin, tout est nécessairement pour la meilleure fin. Remarquez bien que les nez ont été faits pour porter des lunettes, aussi avons-nous des lunettes. Les jambes sont visiblement instituées pour être chaussées, et nous avons des chausses. Les pierres ont été formées pour être taillées, et pour en faire des châteaux, aussi monseigneur a un très beau château ; le plus grand baron de la province doit être le mieux logé ; et, les cochons étant faits pour être mangés, nous mangeons du porc toute l'année : par conséquent, ceux qui ont avancé que tout est bien ont dit une sottise ; il fallait dire que tout est au mieux. »

Candide écoutait attentivement, et croyait innocemment ; car il trouvait Mlle Cunégonde extrêmement belle, quoiqu'il ne prît jamais la hardiesse de le lui dire. Il concluait qu'après le bonheur d'être né baron de Thunder-ten-tronckh, le second degré de bonheur était d'être Mlle Cunégonde ; le troisième, de la voir tous les jours ; et le quatrième, d'entendre maître Pangloss, le plus grand philosophe de la province, et par conséquent de toute la terre. […]

 

 

Problématique: En quoi peut-on dire que ce passage est un incipit de récit?


Introduction: présenter rapidement l’auteur, le texte et le contexte, puis annoncer  clairement la question posée et le plan de la réponse. Ne pas oublier la lecture d'un passage.

 

Développement.

Cet extrait est effectivement un incipit car il exerce les 3 fonctions traditionnelles d’un début: définir le genre du texte et les choix d'écriture, informer le lecteur, accrocher et séduire le lecteur pour qu’il  poursuive sa lecture. Répondre donc en 3 moments.

- Ce passage est le début d'un conte philosophique, dont il possède les caractéristiques (les préciser en citant le texte de Voltaire)

- L'incipit fournit au lecteur des informations sur le cadre spatio-temporel (lieu et temps),  sur les personnages (nom, fonction, physique, moral), sur l’action ou intrigue (ce qui se passe). A chaque type d’information donner au moins un exemple du texte (citation). Noter le caractère vague de l'information d'un récit utopique et hors du temps.

- L'extrait tente d’intéresser le lecteur comme doit le faire un début. L’humour et l’ironie font sourire le lecteur au lieu de l’ennuyer (définitions, citations et exemples). A travers le personnage de Pangloss la question philosophique du conte (l'optimisme) est posée d'entrée de jeu. Le lecteur se demande finalement si la paisible situation de Candide dans le château est durable.  

 

Conclusion qui répond précisément à la problématique puis élargit: l'évolution de Candide au long du conte par rapport à l'optimisme intégral de Pangloss.

Pour une fiche détaillée sur les fonctions de l'incipit.

 

 

Voltaire, Candide, chapitre 3, depuis "Rien n'était si beau" jusqu'à "pour les beaux yeux de Mlle Cunégonde."

 

CHAPITRE TROISIEME
Comment Candide se sauva d’entre les Bulgares,
et ce qu’il devint

 

Rien n'était si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné que les deux armées. Les trompettes, les fifres, les hautbois, les tambours, les canons, formaient une harmonie telle qu'il n'y en eut jamais en enfer. Les canons renversèrent d'abord à peu près six mille hommes de chaque côté ; ensuite la mousqueterie ôta du meilleur des mondes environ neuf à dix mille coquins qui en infectaient la surface. La baïonnette fut aussi la raison suffisante de la mort de quelques milliers d'hommes. Le tout pouvait bien se monter à une trentaine de mille âmes. Candide, qui tremblait comme un philosophe, se cacha du mieux qu'il put pendant cette boucherie héroïque.

Enfin, tandis que les deux rois faisaient chanter des Te Deum chacun dans son camp, il prit le parti d'aller raisonner ailleurs des effets et des causes. Il passa par-dessus des tas de morts et de mourants, et gagna d'abord un village voisin ; il était en cendres : c'était un village abare que les Bulgares avaient brûlé, selon les lois du droit public. Ici des vieillards criblés de coups regardaient mourir leurs femmes égorgées, qui tenaient leurs enfants à leurs mamelles sanglantes ; là des filles éventrées après avoir assouvi les besoins naturels de quelques héros rendaient les derniers soupirs ; d'autres, à demi brûlées, criaient qu'on achevât de leur donner la mort. Des cervelles étaient répandues sur la terre à côté de bras et de jambes coupés.

Candide s'enfuit au plus vite dans un autre village : il appartenait à des Bulgares, et des héros abares l'avaient traité de même. Candide, toujours marchant sur des membres palpitants ou à travers des ruines, arriva enfin hors du théâtre de la guerre, portant quelques petites provisions dans son bissac, et n'oubliant jamais Mlle Cunégonde. Ses provisions lui manquèrent quand il fut en Hollande ; mais ayant entendu dire que tout le monde était riche dans ce pays-là, et qu'on y était chrétien, il ne douta pas qu'on ne le traitât aussi bien qu'il l'avait été dans le château de monsieur le baron avant qu'il en eût été chassé pour les beaux yeux de Mlle Cunégonde. […]

 

 

Problématique:  Comment Voltaire dénonce-t-il dans ce texte la barbarie de la guerre?

 

Introduction: présenter rapidement l’auteur, le texte et le contexte, puis annoncer  clairement la question posée et le plan de la réponse. Ne pas oublier la lecture d'un passage. Définir précisément les termes « dénoncer » et « barbarie ».  

 

Développement

Voici les moyens utilisés par Voltaire (à chaque fois : moyen, définition, citation, effet produit sur le lecteur) :

- Ironie par approximation, par antiphrase, par référence

- Description réaliste et macabre : champs lexicaux du corps et de la destruction, nombreux exemples à commenter  

- Absurdité de la loi du talion

- Hyperboles et oxymore

 

Conclusion qui répond précisément à la problématique puis élargit : mettre cette dénonciation satirique de la guerre en rapport avec l'extrait de Fénelon (Les Aventures de Télémaque, livre XIV) et celle que fait Rabelais à la Renaissance dans les guerres pichrocolines (Gargantua).

 

 

Séquence nº 3

La poésie amoureuse du Moyen Âge à nos jours

Objet d'étude: écriture poétique et quête du sens, du Moyen Âge à nos jours

 

 

 

Pierre de Ronsard, "Mignonne, allons voir si la rose..."

 

                       À Cassandre

 

Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avait déclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu cette vêprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vôtre pareil.

Las ! voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las ! las ses beautés laissé choir !
Ô vraiment marâtre Nature,
Puis qu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !

Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que votre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez votre jeunesse :
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir votre beauté.

                                   Les Odes, 1550

 

Problématique: Montrer que ce poème de Ronsard est construit sur une comparaison. Quel est le sens du poème?

 

Introduction: présenter rapidement l’auteur, le texte (une ode) et le contexte, puis annoncer  clairement la question posée et le plan de la réponse. Le poème de Ronsard étant court, le lire en entier, sauf consigne contraire de l'examinateur.  

 

Développement

  1. Le poème est construit sur une comparaison entre Cassandre (la femme aimée par Ronsard) et la rose. Pour le démontrer repérer très précisément dans le poème les mots et expressions désignant la femme et ceux désignant la rose; les mettre en relation et les commenter.

  2. La rose resplendissante le matin s’est fanée en fin d’après-midi : sa beauté éphémère n’a pas résisté au temps qui passe. Ainsi en est-il de la beauté de la femme. Voilà la leçon (« Donc… », registre didactique) que donne le poète à la bien-aimée. C’est le fameux thème latin du carpe diem (cueille la vie, profite du plaisir éphémère).  

Conclusion qui répond précisément à la problématique puis élargit : épicurisme de Ronsard qui rejoint la chanson "Si tu t'imagines" de Raymond Queneau dans les textes complémentaires.

   

Gérard de Nerval, "Une allée du Luxembourg"

Problématique: Quels sens peut-on donner à cette rencontre amoureuse dans le Paris de la modernité?

 

Elle a passé, la jeune fille

Vive et preste comme un oiseau :

À la main une fleur qui brille,

À la bouche un refrain nouveau.


C’est peut-être la seule au monde

Dont le cœur au mien répondrait,

Qui venant dans ma nuit profonde

D’un seul regard l’éclaircirait !


Mais non, ma jeunesse est finie…

Adieu, doux rayon qui m’as lui,

Parfum, jeune fille, harmonie…

Le bonheur passait, il a fui !

 

                                                         Odelettes, 1853. Poème écrit en 1832

 

Introduction: présenter rapidement l’auteur, le texte (odelette) et le contexte, puis annoncer  clairement la question posée et le plan de la réponse. Ne pas oublier la lecture d'un passage. Définir rapidement la notion de modernité.  

 

Développement

- Cette rencontre amoureuse est une histoire d’amour qui aurait pu avoir lieu mais qui n’a pas été, comme dans « Vieille chanson du jeune temps » de Victor Hugo.

- Le poème de Nerval est à la fois lyrique et élégiaque (amour et tristesse, joie et souffrance) : définition précise de ces deux registres. Citations et commentaires.

- Tout oppose le poète déjà vieux et la jeune fille : relever tous les jeux d'opposition  en citant précisément le texte : le sens de cette rencontre est tout simplement que cet amour est idéalement possible (en poésie) mais illusoire dans le réel.

 

Conclusion qui répond précisément et fermement à la problématique puis élargit : une rencontre éphémère dans la modernité urbaine qui rappelle "À une passante" de Baudelaire.(texte étudié à l'épreuve de commentaire écrit).  


Victor Hugo: "Vieille chanson du jeune temps"  

 

Je ne songeais pas à Rose ;

Rose au bois vint avec moi ;

Nous parlions de quelque chose,

Mais je ne sais plus de quoi.

 

J'étais froid comme les marbres ;

Je marchais à pas distraits ;

Je parlais des fleurs, des arbres

Son oeil semblait dire: " Après ? "

 

La rosée offrait ses perles,

Le taillis ses parasols ;

J'allais ; j'écoutais les merles,

Et Rose les rossignols.

 

Moi, seize ans, et l'air morose ;

Elle, vingt ; ses yeux brillaient.

Les rossignols chantaient Rose

Et les merles me sifflaient.

 

Rose, droite sur ses hanches,

Leva son beau bras tremblant

Pour prendre une mûre aux branches

Je ne vis pas son bras blanc.

 

Une eau courait, fraîche et creuse,

Sur les mousses de velours ;

Et la nature amoureuse

Dormait dans les grands bois sourds.

 

Rose défit sa chaussure,

Et mit, d'un air ingénu,

Son petit pied dans l'eau pure

Je ne vis pas son pied nu.

 

Je ne savais que lui dire ;

Je la suivais dans le bois,

La voyant parfois sourire

Et soupirer quelquefois.

 

Je ne vis qu'elle était belle

Qu'en sortant des grands bois sourds.

" Soit ; n'y pensons plus ! " dit-elle.

Depuis, j'y pense toujours.

 

                                   Les Contemplations, 1856  

 

 

Problématique: En quoi peut-on dire que Victor Hugo écrit ici un beau poème de la simplicité?

 

Introduction: présenter rapidement l’auteur, le texte et le contexte, puis annoncer  clairement la question posée et le plan de la réponse. Ne pas oublier la lecture d'un passage. 

 

Développement

Le poème a la simplicité d’une chanson :

- une histoire simple: les personnages, le cadre, l'action

- une versification peu sophistiquée : vers courts (heptasyllabes, pas de longs alexandrins) ; prédominance de la parataxe, absence d'enjambements

- de nombreuses anaphores qui sont l’équivalent du refrain d’une chanson et qui permettent la mémorisation

- un vocabulaire très proche du milieu intime et familier : le bois, la nature.

La réponse doit s’appuyer sur des citations précises et des termes toujours clairement définis : chanson, refrain, anaphore...

 

Conclusion qui répond précisément et fermement à la problématique puis élargit : c'est la simplicité qui fait la beauté de cette "Vieille chanson du jeune temps", mais simplificité liée à l'émotion. Un bonheur perdu à mettre en rapport avec "La Coccinelle" dans Les Contemplations.  

 

 

Problématique: En quoi peut-on dire que ce poème est le poème de l'indifférence?

 

Introduction: présenter rapidement l’auteur, le texte et le contexte, puis annoncer  clairement la question posée et le plan de la réponse. Ne pas oublier la lecture d'un passage. 

 

Développement

- Le poète de 16 ans est muet : il ne parle pratiquement pas, c’est Rose qui parle.

- L’adolescent est sourd : il n’entend pas l’appel de l’amour et de la nature (« grands bois sourds »)

- Il est aveugle : il ne voit pas le corps de Rose, il est insensible à sa beauté.

Le commentaire de l’élève s’appuie toujours sur des citations précises du poème et sur une élucidation du sens.  

 

Conclusion qui répond précisément et fermement à la problématique puis élargit.

 


Problématique: En quoi ce poème est il à la fois lyrique et élégiaque?

 

Introduction: présenter rapidement l’auteur, le texte et le contexte, puis annoncer  clairement la question posée et le plan de la réponse. Ne pas oublier la lecture d'un passage. Définir précisément les deux registres : le lyrisme (origine grecque, à partir du nom « lyre », quand la poésie exprime des émotions, des sentiments, le « moi » intérieur), l’élégiaque (registre de la peine et de la tristesse, qui renvoie à Orphée perdant deux fois la bien-aimée Eurydice).  

 

Développement

- Dimension lyrique du poème : expression du sentiment d’amour, avec exemples et citations précises du texte, tout ce qui évoque le sentiment, la sensation, que ce soit au niveau des humains qu’à celui de la « nature amoureuse », personnifiée.

- Dimension élégiaque du poème, exprimée dans le regret final (« Depuis j’y pense toujours »). Il faut montrer précisément que la tristesse-mélancolie naît du brusque retour au présent de l’énonciation, à partir d’un souvenir d’un événement vécu 30 ans auparavant. C'est le caractère -fulgurant- de ce souvenir.

 

Conclusion qui répond précisément et fermement à la problématique puis élargit. Le poème de Victor Hugo est à mettre en relation avec d'autres textes du groupement où le thème amoureux convoque à la fois joie et tristesse, bonheur et nostalgie, et le motif de  laudatio temporis acti (Horace).

 

Paul Eluard, "Je t'aime"  

 

Je t'aime pour toutes les femmes que je n'ai pas connues
Je t'aime pour tous les temps où je n'ai pas vécu
Pour l'odeur du grand large et l'odeur du pain chaud
Pour la neige qui fond pour les premières fleurs
Pour les animaux purs que l'homme n'effraie pas
Je t'aime pour aimer
Je t'aime pour toutes les femmes que je n'aime pas

Qui me reflète sinon toi-même je me vois si peu
Sans toi je ne vois rien qu'une étendue déserte
Entre autrefois et aujourd'hui
Il y a eu toutes ces morts que j'ai franchies sur de la paille
Je n'ai pas pu percer le mur de mon miroir
Il m'a fallu apprendre mot par mot la vie
Comme on oublie

Je t'aime pour ta sagesse qui n'est pas la mienne
Pour la santé
Je t'aime contre tout ce qui n'est qu'illusion
Pour ce cœur immortel que je ne détiens pas
Tu crois être le doute et tu n'es que raison
Tu es le grand soleil qui me monte à la tête
Quand je suis sûr de moi.

                                                                                       Le Phénix, 1951

 

 

Problématique: Entre microcosme et macrocosme; en quoi peut-on dire que l'amour d'Eluard est à dimension simplement humaine?

 

Introduction: présenter rapidement l’auteur, le texte et le contexte, puis annoncer  clairement la question posée et le plan de la réponse. Ne pas oublier la lecture d'un passage. Définir rapidement les termes microcosme (l’infiniment petit) et macrocosme (l’infiniment grand), l’homme étant situé au milieu.  

 

Développement

- Le poème d’Eluard révèle des éléments concrets situés à un échelon supérieur à la taille de l’homme : en faire un relevé à partir du sens dénoté et du sens connoté, sans oublier les images

- Relever les éléments microscopiques, plus rares, évoqués par connotation

- Montrer que l’amour du poète et de la bien-aimée se situe entre ces deux extrêmes, au niveau du monde familial et familier : citations à partir du texte et explications

 

Conclusion qui répond précisément et fermement à la problématique puis élargit. L’amour est chanté dans ce poème comme la fusion la plus profonde entre deux être humains différents et intégrés à un « milieu » au sens écologique. Cet amour n’a rien d’idéaliste, il est fondé sur le matériel, le concret, et en même temps il est humain.

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