Lycée Joliot Curie 92000 Nanterre

EAF 2016

1ST2S2 (français)

Séquence nº 3: la poésie amoureuse du Moyen Âge à nos jours

Lecture analytique nº 3

Victor Hugo: "Vieille chanson du jeune temps", Les Contemplations, 1856

 

Je ne songeais pas à Rose ;

Rose au bois vint avec moi ;

Nous parlions de quelque chose,

Mais je ne sais plus de quoi.

 

J'étais froid comme les marbres ;

Je marchais à pas distraits ;

Je parlais des fleurs, des arbres

Son oeil semblait dire: " Après ? "

 

La rosée offrait ses perles,

Le taillis ses parasols ;

J'allais ; j'écoutais les merles,

Et Rose les rossignols.

 

Moi, seize ans, et l'air morose ;

Elle, vingt ; ses yeux brillaient.

Les rossignols chantaient Rose

Et les merles me sifflaient.

 

Rose, droite sur ses hanches,

Leva son beau bras tremblant

Pour prendre une mûre aux branches

Je ne vis pas son bras blanc.

 

Une eau courait, fraîche et creuse,

Sur les mousses de velours ;

Et la nature amoureuse

Dormait dans les grands bois sourds.

 

Rose défit sa chaussure,

Et mit, d'un air ingénu,

Son petit pied dans l'eau pure

Je ne vis pas son pied nu.

 

Je ne savais que lui dire ;

Je la suivais dans le bois,

La voyant parfois sourire

Et soupirer quelquefois.

 

Je ne vis qu'elle était belle

Qu'en sortant des grands bois sourds.

" Soit ; n'y pensons plus ! " dit-elle.

Depuis, j'y pense toujours.

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Victor Hugo (1802-1885)

XIXe siècle (19e s.)

Vers 1856

 

 

Le poème mis en musique

et chanté par Julos Beaucarne

 

 

      Victor Hugo jeune