Lycée Joliot Curie 92000 Nanterre

1S3 (2018-2019, français)

Séquence nº 2: Françoise et Dominique, deux personnages, une histoire d'amour et de mort :

« L'Attaque du Moulin » d'Emile Zola (1880)

Documents complémentaires

 

Emile Zola, entrevue parue dans les Annales de la Patrie en 1876

         

Je suis né le 2 avril 1840 d'un père natif de Venise et d'une mère française, originaire de la Beauce - je suis né ici à Paris, en plein centre d'un des quartiers populaires. Mon père était ingénieur et réalisa quelques grands travaux de canalisation dans la région d'Aix, près de Marseille, où il mourut en 1847. J'ai grandi en Provence de l'âge de 3 ans jusqu'à l'âge de 18 ans et j'ai commencé mes études au collège de la ville d'Aix. Revenu à Paris en 1858, j'ai connu une période de grande misère. J'ai terminé mes études secondaires au lycée Saint-Louis et passé quelque temps à fainéanter avec l'insouciance d'un poète. En 1862, je suis rentré à la Librairie Hachette, jusqu'en 1866, époque où je me suis lancé dans le journalisme.

 

Il y a déjà dix ans que je vis de ma plume, plutôt mal que bien. On me conteste violemment, on ne me reconnaît souvent pas le moindre talent et je gagne bien entendu moins d'argent que ceux qui écrivent des feuilletons des journaux. Il y a quatre ans seulement que j'ai pu cesser tout à fait de collaborer à des journaux, où je m'attirais des désagréments par mes manières et je me suis définitivement enfermé chez moi pour écrire mes romans.

 

Je vis très à l'écart, dans un quartier éloigné, au fin fond des Batignolles. J'habite une petite maison avec ma femme, ma mère, deux chiens et un chat. Si quelqu'un passe me voir le jeudi soir, il s'agit surtout d'amis d'enfance qui sont presque tous des Provençaux. Je sors le moins possible. Comme écrivains, je ne fréquente que Flaubert, Goncourt et Alphonse Daudet. Je me suis éloigné de tout, exprès, pour travailler le plus tranquillement possible. Je travaille de la manière la plus bourgeoise. Mes heures sont fixées : le matin, je m'assieds à ma table, comme un marchand à son comptoir, j'écris tout doucement, en moyenne trois pages par jour, sans recopier : imaginez-vous une femme qui brode de la laine point par point ; naturellement je fais des fautes, quelques fois je rature, mais, je ne mets ma phrase sur le papier que lorsqu'elle est parfaitement disposée dans ma tête. Comme vous voyez, tout ceci est extraordinairement ordinaire. Je crains qu'une telle révélation ne fasse tort dans l'esprit de vos auditeurs, au personnage effrayant qu'ils imaginent que je suis. Mais en réalité, tous les véritables travailleurs à notre époque doivent être par nécessité des gens paisibles, éloignés de toute pose et qui vivent en famille, comme n'importe quel notaire d'une petite ville.

 

Que vous dire encore ? Mes Rougon-Macquart auront vingt tomes et actuellement je travaille sur le septième, un roman qui embrassera le monde des ouvriers parisiens. J'ai déjà beaucoup travaillé et j'ai encore devant moi beaucoup de travail.

 

L'essentiel à retenir

Zola évoque sa vie et sa méthode de travail. Il a connu des débuts très difficiles et vit replié dans une maison des Batignolles à Paris.

Il se définit comme un grand travailleur, il aime son intérieur, son intimité, il fréquente peu d'amis et recheche une vie paisible, consacrée au travail, comme un artisan.

A la fin de l'entrevue Zola évoque la grande saga romanesque des Rougon- Macquart et la rédaction de L'Assommoir (1877).

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Emile Zola (1840-1902)

XIXe siècle (19e s.)

 

 

Zola, caricature par Léandre,

vers 1900