DEVOIR COMMUN DE FRANCAIS

CLASSES DE SECONDE

  Objet d’étude : Le roman et la nouvelle au XIX° siècle : réalisme et naturalisme

   

Corpus :

  ·                     Document 1 : Jules Verne, Vingt mille lieues sous les mers (1869-70) (extrait)

  ·                     Document 2 : Emile Zola, Germinal (1895) (extrait)

  ·                     Document 3 : Emile Zola, La Bête humaine (1890) (extrait)

  ·                     Document 4 : Annexe : Une du Petit Journal du 14 novembre 1891

 

  1.      Jules Verne, Vingt mille lieues sous les mers, 1869-70 (extrait)

Dans son roman, Jules Verne s’inspire du premier sous-marin de l’américain Robert Fulton, mis à l’eau pour la première fois en 1800, « Le Nautilus ». Le personnage du capitaine Némo, créé par le romancier, s’en approprie l’invention.

- Ah ! commandant, m’écriai-je avec conviction, c’est vraiment un merveilleux bateau que votre Nautilus !

- Oui ; monsieur le professeur, répondit avec une véritable émotion le capitaine Némo, et je l’aime comme la chair de ma chair ! Si tout est danger sur un de vos navires soumis aux hasards de l’océan, si sur cette mer, la première impression est le sentiment de l’abîme1, comme l’a si bien dit le hollandais Jansen, au-dessus et à bord du Nautilus, le cœur de l’homme n’a plus rien à redouter. Pas de déformation à craindre, car la double coque de ce bateau a la rigidité du fer ; pas de gréement2 que le roulis ou le tangage fatiguent ; pas de voiles que le vent emporte ; pas de chaudière que la vapeur déchire ; pas d’incendie à redouter, puisque cet appareil est fait de tôle et non de bois ; pas de charbon qui s’épuise, puisque l’électricité est son agent mécanique ; pas de rencontre à redouter, puisqu’il est seul à naviguer dans les eaux profondes ; pas de tempête à braver ; puisqu’il trouve à quelques mètres au-dessous des eaux l’absolue tranquillité ! Voilà, monsieur. Voilà le navire par excellence ! Et s’il est vrai que l’ingénieur ait plus de confiance dans le bâtiment que le constructeur, et le constructeur plus que le capitaine lui-même, comprenez donc avec quel abandon je me fie à mon Nautilus, puisque j’en suis tout à la fois le capitaine, le constructeur et l’ingénieur !

1. Du vertige

2. Parties fixes d’un bateau servant à manœuvrer les voiles

 

2.      Emile Zola, Germinal, 1885

Le roman de Zola décrit les conditions de travail des ouvriers dans les mines, et dans cet extrait, la « cage » qui permet la descente.

Il ne comprenait bien qu’une chose : le puits avalait des hommes par bouchées de vingt et de trente, et d’un coup de gosier si facile, qu’il semblait ne pas les sentir passer. Dès quatre heures, la descente des ouvriers commençait. Ils arrivaient de la baraque, pieds nus, la lampe à la main, attendant par petits groupes d’être en nombre suffisant. Sans un bruit, d’un jaillissement doux de bête nocturne, la cage de fer montait du noir, se calait sur les verrous, avec ses quatre étages contenant chacun deux berlines1 pleines de charbon. Des moulineurs2, aux différents paliers, sortaient les berlines, les remplaçaient par d’autres, vides ou chargées à l’avance des bois de taille. Et c’étaient dans les berlines vides que s’empilaient les ouvriers, cinq par cinq, jusqu’à quarante d’un coup, lorsqu’ils tenaient toutes les cases. Un ordre partait du porte-voix, un beuglement sourd et indistinct, pendant qu’on tirait quatre fois la corde du signal d’en bas, « sonnant à la viande », pour prévenir de ce chargement de chair humaine. Puis, après un léger sursaut, la cage plongeait silencieuse, tombant comme une pierre, ne laissait derrière elle que la fuite vibrante du câble.

- C’est profond ? demanda Etienne à un mineur, qui attendait près de lui, l’air somnolent.

- Cinq cent cinquante-quatre mètres, répondit l’homme. Mais il y a quatre accrochages au-dessus, le premier à trois cent vingt.

Tous deux se turent, les yeux sur le câble qui remontait. Etienne reprit :

- Et quand ça casse ?

- Ah ! quand ça casse…

Le mineur acheva d’un geste. Son tour était arrivé, la cage avait reparu, de son mouvement aisé et sans fatigue. Il s’y accroupit avec des camarades, elle replongea, puis jaillit de nouveau au bout de quatre minutes à peine, pour engloutir une autre charge d’hommes.

1. Wagonnet permettant de remonter le charbon jusqu’au puits d’extraction.

2. Ouvriers chargés de vider et de remplacer les berlines pleines de charbon.

 

3.      Emile Zola, La Bête humaine, 1890

Au début du roman, Roubaud, sous-chef de gare au Havre, se rend à Paris. Il observe les manœuvres des locomotives à vapeur et les trains qui passent.

Pendant un instant, Roubaud s’intéressa, comparant, songeant à sa gare du Havre. Chaque fois qu’il venait de la sorte passer un jour à Paris, et qu’il descendait chez la mère Victoire, le métier le reprenait. Sous la marquise1 des grandes lignes, l’arrivée d’un train de Mantes avait animé les quais ; et il suivit des yeux la machine de manœuvre, une petite machine-tender2, aux trois roues basses et couplées, qui commençait le débranchement du train, alerte besogneuse3, emmenant, refoulant les wagons sur le voies de remisage4. Un autre machine, puissante celle-là, une machine d’express, aux deux grandes roues dévorantes, stationnait seule, lâchait par sa cheminée une grosse fumée noire, montant droit, très lente dans l’air calme. Mais toute son attention fut prise par le train de trois heures vingt-cinq, à destination de Caen, empli déjà de ses voyageurs, et qui attendait sa machine. Il n’apercevait pas celle-ci, arrêtée au-delà du pont de l’Europe ; il l’entendait seulement demander la voie, à légers coups de sifflet pressés, en personne que l’impatience gagne. Un ordre fut crié, elle répondit par un coup bref qu’elle avait compris. Puis, avant la mise en marche, il y eut un silence, les purgeurs5 furent ouverts, la vapeur siffla au ras du sol, en un jet assourdissant. Et il vit alors déborder du pont cette blancheur qui foisonnait, tourbillonnante comme un duvet de neige, envolée à travers les charpentes de fer. Tout un coin de l’espace en était blanchi, tandis que les fumées accrues de l’autre machine élargissaient leur voile noir. Derrière, s’étouffaient des sons prolongés de trompe, des cris de commandement, des secousses de plaques tournantes. Une déchirure se produisit, il distingua, au fond, un train de Versailles et un train d’Auteuil, l’un montant, l’autre descendant, qui se croisaient.

1. Auvent vitré qui protège le quai de gare.

2. Sorte de petite locomotive.

3. Bonne travailleuse

4. Lieu de garage des locomotives, un peu à l’écart des voies utilisées pour le voyage.

5. Sorte de vanne qui évacue la vapeur d’eau condensée tout en ne laissant pas échapper le reste de la vapeur, qui elle permet à la locomotive d’avancer.

 

4.      Une du Petit Journal du 14 novembre 1891

 

 

Consignes de travail :

  Question de corpus (4 points) :

Les machines présentées par ces quatre documents sont-elles toujours synonymes de progrès pour les hommes ?

  Travaux d’écriture (16 points) :

Vous traiterez, au choix, l’un des sujets suivants :

Ecriture d’invention

Rédigez l’article qui accompagne la Une du Petit Journal (document 4).

Vous respecterez le style journalistique et vous efforcerez de donner à votre texte un contenu informatif intéressant pour le lecteur

  OU

 Commentaire

 Rédigez le commentaire de l’extrait de Germinal, de Zola (document 2). Dans une première partie, vous étudierez la domination de la machine sur l’homme. Puis, vous analyserez la dimension mythologique monstrueuse de cette description.

OU

  Dissertation

  Quelle place, selon vous, un roman doit-il accorder à l’environnement, au décor, à ses mutations technologiques ?

Vous vous appuierez sur les textes proposés, mais aussi vos lectures et vos connaissances personnelles.

 

Carte mentale: caractéristiques de l'écriture réaliste

  Carte mentale: caractérisation du personnage de roman

Correction du commentaire

Correction de la question sur corpus