MIHAI
Eminescu
et Gérard de Nerval
Etude
comparative
par
Michel Wattremez (suite) D. THEATRALITE Nerval
et Eminescu peuvent être considérés comme des hommes de théâtre, et,
même s’ils n’ont pas parachevé cet aspect de leur œuvre, on peut
dire que le Théâtre sous-tend leur écriture. De
Gérard, on lit encore le Léo Buckart, le Prince des Sots
et d’autres textes qu’on trouve dans les Œuvres complémentaires[33]
éditées par Jean Richer. L’œuvre
dramatique d’Eminescu est entièrement posthume, mais l’attrait de la
scène apparaît chez lui dès l’adolescence, époque où il f’réquente
divers troupes d’acteurs. On peut donc affirmer que le poète « a
cunoscut foarte de timpuriu, înainte de a cunoaste complicate teorri
filosofice (de pilda a lui Schpenhauer), o dubla atitudine fata de
existenta »[34].
L’influence des vues dramatiques se révèlera jusque dans la structure
de sa poésie, et notamment dans Împarat si proletar, où l’on
peut voir un drame en trois tableaux.
1)
THEATRALITE DE L’ESPACE LITTERAIRE NERVALIEN Cet
espace prend souvent la forme d’une scène où se fixent un ou plusieurs
personnages dont l’apparition est presque magique : par exemple,
l’actrice Aurélie, dans le premier chapitre de Sylvie[35].
Plus loin dans la nouvelle a lieu un mystère en l’Abbaye de Chaalis,
une « représentation allégorique »[36] ;
c’est encore un mystère médiéval qui est représenté dqans Angélique :
« On jouait un mystère, - comme aux temps passés. – La vie du
Christ avait été représentée dans tous es détails, et la scène dont
je me souviens était celle où l’on attendait la descente du Christ
dans les enfers.[37] »
La
scène est un lieu magique où se réincarne l’Histoire et où l’être
part à la recherche du temps perdu.
2)
THEATRALITE DE L’ESPACE LITTERAIRE EMINESCIEN Chez
Eminescu, le théâtre est plus une idée philosophique qu’une re-création
poétique du monde comme chez Nerval. Le monde est une scène sur laquelle
les gens passent, et c’est sur cette idée d’instabilité, de
transition qu’insiste surtout l’écrivain roumain. Cette
première idée, shakespearienne, est mainte fois exprimée chez
l’auteur, comme dans le poème posthume Lumea îmi parea o cifra :
Lumea
îmi parea o cifra, oamenii îmi pareau morti,
Masti
ce râd dupa comanda, cari ies de dupa porti
Si
dispar – papusi maiestre, ce ca sunt nici nu stiu ou
dans le manuscrit 2287, f. 63 :
Lumea
îmi pare o scena mare, drept culise laterale
Eu
vad stâncile trunchete ce se pierd în larga vale. Deuxième
idée : le monde est une cyclicité de discours ; car, si l’on
se déguise, si l’on bouge, on parle aussi sur cette scène – Artaud
verrait là une conception toute occidentale, voire « latine »,
du théâtre :
O
teatru de papuse… zvoon de vorbe omenesti,
Povestec
ca papagalii mii de glume si povesti
Fara
sa le priceapa…
(Scrisoarea
IV) Aussi
bien ce discours théâtral éminescien est-il négativement
connoté. C’est un discours faux, car, premièrement, les humains sont
fondamentalement mauvais ; deuxièmement, parce qu’ils sont doubles
et qu’ils portent un masque – d’où l’ambiguïté de leur discours
(nous soulignons) :
Acea
tainica simtire, care doarme-n a ta harfa
Ïn
cuplete
de teatru s-o desfaci ca pe o marfa,
(Scrisoarea
II)
Ce ?
s-ngâni pe coarda dulce, ca de voie te-ai adaos
La
cel cor ce-n opereta
e condus de Menelaos ?
(idem) ici
Ménélas est un symbole, puisqu’il est victime des masques et de la
tromperie (féminine). Une
différence se révèle donc ici entre Nerval et Eminescu : chez le
premier, il n’y a pas de discours théâtral, il existe au
contraire une symbolique – langage muet, donc – des gestes, de la voix
modulée, du Chant qui est divin et par conséquent pur dans sa vérité. Contrairement
à Nerval encore, chez qui les acteurs sont ou voudraient être les
images, altérées d’ombre et de lumière, d’autres êtres vivants ou
morts, et reliées à ces derniers par le canal du Chant ou par le rythme
de la Danse, chez Eminescu, l’acteur – c’est-à-dire chacun de nous
– est la Parole, unique dans la diversité de ses supports, d’un Eternel
à la fois régisseur en coulisses et souffleur sur la scène –
le Démiurge :
Nu
traiti voi, ci un altul va inspira – el traieste,
El
cu gura voastra râde, el se-ncânta, el sopteste,
Caci
a voastre vieti cu toate sunt ca undele ce curg,
Vecinic
e numai râul : râul este Demiurg.
(Scrisoarea
IV) Le
Je lyrique du poète lui-même est le support charnel de cette « voix
étrangère » qui lui « souffle » la vie et lui ôte,
par cela même, tout vrai souffle, toute histoire individuelle :
Si
când gândesc la viata-mi, îmi pare ca ea cura
Ïncet
repovestita de o straina gura,
Ca
si când n-ar fi viata-mi, ca si când n-as fi fost.
Cine-i
acel ce-mi spune povestea pe de rost
De-mi
tin la el urechea – si râd de câte-ascult
Ca
de dureri straine ?… Parc-am murit de mult.
(Melancolie) Aussi
la scène du monde devient-elle un lieu de passage, de transition
cyclique, aussi changeant que les « Heures divines »
nervaliennes :
« -
Nu cumva îndaratul culiselor vietii e un regisor a carui existenta n-o
putem esplica? Nu
cumva suntem asemenea acelor figuranti cari, voind a reprezenta o armata
mare, trec pe scena, înconjura fondalul si reapar iarasi? Nu este oare
omenirea istoriei asemeneaunui astfel de armate ce dispare într-o
companie veche spre a reapara în una noua, armata mare pentru individul
constituit în spectator, dar acelasi numar marginit pentru regisor. Nu
sunt aceiasi actori, desi piesele sunt alte ?[38] » Théâtralité
du regard Chez
Eminescu, ainsi que chez Nerval, le Je « constitué en spectateur »
est donc placé le plus souvent en position de regardant. C’est
le cas de l’écrivain français, qui « visionne » le Rêve où
il est en même temps acteur implicite de l’irréel (Sylvie, Aurélia). Une
semblable atitude se révèle – de manière différente, certes – dans
le rapport existant entre Eminescu et son monde imaginaire, dans l’écriture
éminescienne donc, quand l’auteur roumain se place en Je regardant
l’histoire et la décadence progressive des grandes civilisations –
dans Memento mori ou Panorama (sous-titre
significatif) des vanités
-, quand il regarde une mort individuelle (Mortua
est), quand il contemple – en tant que Je toujours – un paysage
culturel selon lui révolu (« Când privesc zilele d-aur a
scripturelor române »[39])
ou le théâtre urbain (Privesc
orasul furnicar).
D’ailleurs, le révolutionnaire Muresanu, bien qu’acteur unique en
tant que chair, se pose lui aussi en spectateur dans le drame, en regard sur le monde : Sunt
eu !… Privesc trecutul, si-icoana lui barbara… …………………………………………. Desi
privesc nainte-mi noaptea batrâna rupte, Si
vad c-o lume noua dintr-însa se ridica. (Andrei
Muresanu, « Tablou dramatic într-un act ») On
peut, dans ce cas, voir chez Eminescu un « théâtre dans le théâtre »
tout à fait moderne. Mais,
pour qu’un regard puisse se poser sur la scène obscure du monde, pour
que l’acte d’écriture puisse s’opérer, il y faut la lumière, il y
faut un projecteur.
3)
LES TROIS LUMIERES DE LUNE L’astre
lunaire, comme l’a montré George Calinescu[40],
est un thème romantique. Dans le cas présent, nous pensons pouvoir
distinguer chez Nerval trois lunes ou plutôt trois lumières séléniques :
« Au clair de lune, on admirait encore les restes de la vaste coupole italienne qui s’était écroulée, au dix-huitième siècle… » (Petits châteaux de Bohême[41]) ; « Et nous causâmes longtemps au clair de lune, sous les tilleuls »[42] ;
« La
lune se cachait de temps en autre sous les nuages, éclairant à peine les
roches de grès sombre et les bruyères qui se multipliaient sous mes pas »
(Sylvie)[43] ;
« Cet
admirable édifice, où le style fleuri du Moyen Age s’allie si bien aux
dessins corrects de la Renaissance, s’éclaire encore magnifiquement aux
rayons de la lune » (Nuits d’octobre)[44]. Dans
l’exemple suivant, la lune est présente en une comparaison : Aurélie
est « belle comme le jour aux feux de la rampe qui l’éclairaient
d’en bas, pâle comme la nuit, quand la rampe baissée la laissait éclairée
d’en haut sous les rayons du lustre et la montrait plus naturelle,
brillant dans l’ombre de sa seule beauté, comme les Heures divines qui
se découpent, avec une étoile au front, sur les fonds bruns des fresques
d’Herculanum » (Sylvie)[45].
« Souvent même, on restait sur les lieux jusqu’au lendemain, afin de parcourir Pompéi pendant la nuit, à la clarté de la lune, et de se faire ainsi une illusion complète (Isis) ;
« Je
suis sorti par un beau clair de lune, m’imaginant vivre en 1827, époque
où j’ai quelque temps habité Saint-Germain. […] Je parcourais au
clair de lune ces rues et ces promenades endormies. J’admirais les
profils majestueux du château » (Promenades et souvenirs)[48]. Nous
remarquons toutefois que le passage entre ces deux dernières phases peut
se faire progressivement, en cours d’énoncé. Ainsi :
« A
mesure qu’elle chantait, l’ombre descendait des grands arbres, et le
clair de loune naissant tombait sur elle seule, isolée de notre cercle
attentif. : - Elle se tut, et personne n’osa rompre le silence. /
La pelouse était couverte de faibles vapeurs condensées, qui déroulaient
leurs blancs flocons sur les pointes des herbes. Nous pensions être en
paradis » (Sylvie)[49]. A
partir de ces exemples, on peut observer que la lune nervalienne théâtralise
le récit, isole l’image de l’être en le plaçant sous son phare, le
fige dans sa solitude, en fait un objet de regard pour autrui (« notre
cercle attentif »). Elle crée le lieu magique du spectacle et rend
possible celui-ci, d’où le vocabulaire de l’admiration : admirait,
admirable… […]. Enfin, elle onirise ce lieu (« fantôme
rose et blond ») en ouvrant ainsi un monde de l’au-delà (« nous
pensions être en paradis »). La
lune est – peut-être plus encore qu’Hypérion – le grand phare de
l’œuvre d’Eminescu. Aussi bien celui-ci pensait-il à un certain
moment intituler son recueil de poésies Lumière de lune (« Lumina
de luna »[50]).
On ne retrouve dans son œuvre que les deux phases extrêmes de la lune
nervalienne : a)
la lune-Eros, romantique et douce, est présente dans presque
toutes les poésies d’amour souvent qualifiées de « romances éminesciennes » :
Când
prin crengi s-a fi ivit Luna-n noaptea cea de vara
(Floare
albastra)
Sub
lumina blândei lune ;
(Lacul)
b)
la lune-Thanatos, éclairant un espace scénique caractérisé par
le mystère :
Luna-n
mare îsi arunca chipul si prin nori le-alunga.
Cine-a
deschis piramida si-nauntru a intrat ?
(Egipetul) l’illusion
temporelle :
Si
privind în luna plina
La
vapaia de pe lacuri,
Anii
tai se par ca clipe
Clipe
dulci se par ca veacuri (O ramaî)
Pe
când luna straluceste peste-a tomurilor bracuri,
Ïntr-o
clipa-l poarta gândul îndarat cu mii de veacuri,
(Scrisoarea
I) l’illusion
visuelle, par le miroir du lac :
Ea
se uita… Paru-i galben,
Fata
ei lucesc în luna,
Iar
în ochii ei albastri
Toate
basmele s-aduna.
(Craiasa
din povesti) le
rêve, soit dans une vision sublimée du village patriarcal roumain:
Parea
ca printre nouri s-a fost deschis o poarta,
Prin
care trece alba regina noptii moarta.-
(Melancolie) soit
dans une vision fantastique et déformante du paysage :
Si
cu cât lumina-i dulce tot mai mult se lamureste,
Cu-atât
valurile apei, cu atât tarmul parca creste.
(Scrisoarea
IV) ou
de la chambre de Dionis : « Luna îsi varsa lumina ei cea
fantastica prin ferestrele mari, albind podele de pareau unse cu crida… »[51],
la mort enfin :
Si
pe toti ce-n asta lume sunt supusi puterii sortii
Deopotriva-i
stapâneste raza ta si geniul mortii !
(Scrisoarea
I) On
remarque, dans l’écriture même d’Eminescu, les traces lexicales de
la théâtralisation lunaire, comme les verbes de regard a se uita,
a privi. D’autre part, la lumière de cette phase sélénique ne
théâtralise plus une scène de chant, de ronde, comme chez Nerval, mais
une tragédie – celle du Savoir[52], qui mène à la mort. La lune « donne vie aux
pensées » (« Câte frunti pline de gânduri, gânditoare le
privesti ! », Scrisoarea I), transporte le savant, le génie,
vers les sphères de la Connaissance ; mais elle fait de lui aussi un
damné du sort qu’elle frappe de la lumière noire[53]
et terrible de son projecteur (le « génie de la mort ») –
dont elle éblouit d’ailleurs l’Humanité entière. Ce puissant phare
isole les êtres sur la scène du monde, leur fait prendre conscience de
leur solitude, les objectivise – c’est-à-dire les rend objets
d’admiration ou de regard pour autrui, comme Adrienne dans Sylvie.
Mais chez Eminescu, à la différence de chez Nerval, les objets eux-mêmes
irradiés par l’astre froid sont plongés en cette solitude :
Iata
lacul. Luna plina
Poleindu-l
îl strabate ;
El,
aprins de-a ei lumina,
Simte-a
lui singuratate.
(Lasa-ti
lumea)
4)
LE MONDE COMME MASCARADE On
se déguise beucoup dans l’œuvre de Nerval. Ainsi, dans Promenades
et souvenirs[54],
le narrateur simule un mariage avec Fanchette ; dans Sylvie[55],
sa jeune compagne et lui-même revêtent les habits. Sylvie déguisée
devient la « fée des légendes éternellement jeune ». Nerval
rencontre dans cette fraîche image la Craiasa din povesti éminescienne
où viennent ressurgir, lorsque celle-ci se mire dans l’eau (comme
Sylvie et le narrateur se mirent dans l’image des médaillons représentant
l’oncle et la tante quand ils étaient jeunes) tous les anciens contes
et légendes. Chez
Nerval, le déguisement a une valeur maléfique ; c’est une faute,
un « sacrilège »[56]
qui entraînera tôt ou tard la punition. Plus fortement encore, l’idée
de masque et de déguisement possède chez Eminescu une valeur morale ;
le masque cache en effet une éternelle réincarnation du mal – comme
dit Schpenhauer : « Notre monde civilisé n’est en réalité
[qu’une] grande mascarade »[57]. Il cèle un désir, une soif de vie, de possession,
de grandeur, qui découlent du mal :
Ïn
veci aceleasi doruri mascate cu-alta haina.
(Ïmparat
si proletar) Le
drame est toujours le même, il s’intitule « Panorama
desertaciunilor » ou la Victoire de Satan, et il se répète – même
si les acteurs ont changé de masques : Alte masti, aceeasi piesa,
Chez
Eminescu – pour qui « totu-i masca, însumi eu îmi par o masca »[58]
-, le déguisement entraîne ainsi la difficulté à réconcilier l’être
et le paraître.
5)
L’APPARITION DU DOUBLE Dans
la conception schopenhauerienne, c’est lorsque l’être et le paraître
se dissocient, lorsque la synthèse du moi est brisée, qu’apparaît la
folie[59].
Ïn
al umbrei întuneric
Te
aseman unui print,
Ce
se uit-adânc în ape
Cu
ochi negri si cuminti ; Dans
Luceafarul (« symbole de l’Idée Eminescu » selon
Blaga[62]),
on a la même image :
Parea
un tânar voievod
Cu
par de aur moale,
Un
vânat giulgiu se-ncheie nod
Pe
umerele goale. à
rapprocher, chez Nerval, d’un autre mort – le comte d’Almany:
“S’enveloppant du drap funèbre comme d’un manteau, il en avait
d’un geste altier rejeté l’un des bouts sur l’épaule gauche et ses
doigts, comme par un ressouvenir machinal imprimaient à la toile les plis
gracieux de la toge [var. : chlamide] antique »[63]. Il
subsiste toutefois une très nette différence entre Eminescu et Nerval :
le premier délègue simplement, en tant que narrateur, sa parole à
Dionis, qui est un Il ; alors que Nerval est narrateur dans le
Je : il raconte l’histoire de sa folie, et l’impossibilité
pour son être de rejoindre son paraître. Cette nuance personnelle étant
précisée, on peut envisager littérairement une semblable dissociation
dans le Sarmanul Dionis éminescien – ce chef-d’œuvre de la
nouvelle fantastique – où Dionis, en contemplant son double, rêve une
vie qui rêve elle-même une autre vie, etc. Cette structure de l’œuvre
rappelle visuellement la théorie de la régression infinie, avec le
tableau représentant le tableau représentant… Le nombre d’univers
parallèles et communicants ainsi créés est infini, et le narrateur –
qu’il soit Nerval ou Eminescu – se perd, avec son lecteur, dans un
interminable labyrinthe. Notons d’ailleurs que, chez Eminescu, le
passage entre « réalité » et rêve est très difficilement détectable
par le lecteur. Il s’opère par un canal, qui peut être la
musique et/ou la voix humaine (le piano de la jeune fille qui chante dans
la maison vis-à-vis de la chambre de Dionis[64]), la lumière (sélénique surtout), un
portrait-miroir (le portrait du père dans Sarmanul Dionis[65]) ,
ou parfois même des signes graphiques (« lampa sa fâlfâia mai
fantastica, literele batrâne ale cartii capatau înteles »[66]).
Le canal débouche alors sur un autre univers possédant des coordonnées
et des dimensions tout à fait différentes[67].
Dans un poème fantastique d’Eminescu, Stam în feresta susa, le
lecteur a successivement l’occasion de s’engager dans tous les canaux
nommés ci-dessus : signes graphiques (vers 7), lumière (étoiles,
vers 4, lune, vers 8, etc.), miroir (vers 15) et
chant enfin
(vers
11 et 18). Aussi bien est-ce la fonction du Chant et de la Musique dans l’écriture théâtrale de Nerval et d’Eminescu que nous allons étudier maintenant.
E. RENCONTRE ET CONNAISSANCE PAR LA MUSIQUE En
effet, la Musique, ligne de force, simultanément voix et voie
de communication dans les œuvres des deux écrivains, constitue pour ces
derniers, tout comme l’astre lunaire, un phare de la théâtralité. Chez
Nerval, le Chant est omniprésent dans l’œuvre générale[68]
(Les Chimères, Sylvie[69],
Chansons et légendes du Valois, etc.), et notamment dans tout un
aspect musical de celle-ci – le lyrico-dramatique -, notoire dans la
rubrique intitulée Lyrisme et vers d’opéra des Œuvres.
Le dessein éminescien, avoué dans les brouillons, est tout à fait
semblable. Dans un projet de drame intitulé Ïntunericul si poetul,
Eminescu nous révèle en effet (nous soulignons) : Voi
sa ridic palatul la doua dulci sorori, La
Muzica si Drama… On a souvent parlé de la « musique éminescienne », et cette expression est devenue un lieu commun. Certains critiques[70] ont fait d’excellentes recherches et analyses dans ce domaine, montrant, grâce à l’appareil phonétique traditionnel, l’art subtil des sonorités chez Eminescu. Mais on a trop peu étudié la fonction de la Musique dans l’écriture éminescienne, son rôle régissant dans la structure de l’œuvre. Nous avons lu en elle une force des profondeurs de l’être. 1)
LA MUSIQUE COMME LIEN ENTRE PASSE ET PRESENT Comme
la lune, ou comme le soleil noir ouvrant sur des univers parallèles et
communicants, la musique et le chant nervaliens sont un canal entre le Passé et le Présent :
Il
est un air pour qui je donnerais
Tout
Rossini, tout Mozart et tout Weber ;
Un
air très vieux, languissant et funèbre,
Qui
pour moi seul a des charmes secrets.
Or,
chaque fois que je viens à l’entendre,
De
deux cents ans mon âme rajeunit…[71]
Ils
conduisent au passé, ils sont le dépôt d’une tradition, d’un savoir
transmis par la race, dans la continuité : « J’étais
ému jusqu’aux larmes en reconnaissant, dans ces petites voix, des
intonations, des roulades, des finesses d’accent autrefois entendues, et
qui, des mères aux filles, se conservent les mêmes » (Angélique)[72].
De même, sur la pelouse du château de Sylvie, les jeunes filles
chantent « de vieux airs transmis par leurs mères, et d’un français
si naturellement pur, que l’on se sentait bien exister dans ce vieux
pays du Valois, où, pendant plus de mille ans, a battu le cœur de la
France »[73].
Chez
Eminescu, le chant remplit la même fonction, mais on n’y trouve pas,
comme chez Nerval, cette « rencontre d’une fraîcheur individuelle
et d’une virginité cosmique »[74],
due à la duplicité de la voix humaine »[75].
Ceci pour la simple raison que l’hypostase du Chant n’est plus chez
Eminescu une fraîcheur ou son symbole (la jeune fille[76]),
mais une nature – fade, et, plus souvent, froide et menaçante – où
sont restés imprimés, comme fossilisés, les faibles échos d’un monde
à jamais disparu, celui de la déchéance, de la mort :
Cântarea ?
Cea mai nalta si cea mai îndrazneata
Nu
e decât rasunet la vocea cea mareata
A
undelor teribili, înalte, zgomotoase
A
unui râu, ce nu-l vezi. – Sunt undele de timp
Ce
viitoru-aduce, spre-a le mâna-n trecut.
(Andrei
Muresanu)
Melancolic
cornul suna. […]
Mai
departe, mai departe,
Mai
încet, tot mai încet,
Sufletu_mi
nemângâiet
Ïndulcind
cu dor de moarte…
(Peste
vârfuri)
Blându-i
sunet se împarte
Peste
vai împrastiet,
Mai
încet, tot mai încet,
Mai
departe… mai departe…
(Povestea
teiului)
une
matière où sont gravés les échos mystérieux de l’Histoire engloutie :
Din
pamânt si de sub mare s-aud sunete ce cresc. […]
Mare-n
fund clopote are care suna-n orice noapte;
(Egipetul)
A
cette difference près, la musique éminescienne remplit la même fonction
que chez Nerval – celle de pont, ou de souterrain reliant deux points du
temps, praticable dans les deux directions :
S-atunci
sufletul viseaza toat-istoria straveche,
Glasuri
di trecut strabate l-a prezentului ureche
(Egipetul)
Si
cu focul blaând din glasu-ti tu ma dori si ma cutremuri,
De
îmi pare o poveste de amor din alte vremuri ;
(Scrisoarea
IV)
D’autre
part, musique éminescienne et musique nervalienne débouchent toutes deux
sur une même dimension : l’éternité de l’au-delà.
2)
LA MUSIQUE COMME PORTE SUR L’AU-DELA
Cette
fonction musicale apparaît déjà chez Nerval : dans Sylvie,
par exemple, la chanteuse Adrienne onirise la pelouse du château :
« La pelouse était couvertes de blanches vapeurs condensées, qui déroulaient
leurs blnacs flocons sur les pointes des herbes. Nous pensions être en
paradis »[77].
Le monde qui s’ouvre alors est un au-delà, un autre monde – chrétien
ici - : le paradis. La musique remplit un rôle semblable chez
Eminescu… Elle crée le lien entre un présent du réel et un au-delà
païen de légendes, un paradis perdu qui est lui-même le lieu du Chant
et de la Poésie :
Ideal
pierdut în noaptea unei lumi ce nu mai este,
Lume
ce gândea în basme si vorbea în poezii,
O !
te vad, te-aud, te cuget, tânara si dulce veste
Dintr-un
cer cu alte stele, cu-alte raiuri, cu alti zei.
(Venere
si Madona)
elle
ouvre un monde supra-terrestre inconnu – il s’agit alors de la musique
sidérale ou de la classique « Musique des sphères »[78].
Ca
un maiestru ce-asurzeste în momentele supreme,
Pân-a
nu ajunge-n culmea dulcii muzice de sfere,
(Scrisoarea
V)
elle
crée un réseau de correspondances entre la terre et le monde céleste
(comme dans la strophe 3 de Sara pe deal : valea / fluiere /
luna-nourii, et dans Mortua est), ou entre la terre et le ciel chrétien
– comme dans Rugaciune, Rasai asupra mea, où le Chant éminescien devient Prière :
O
muzica adânca si plina de blândete
Patrunde
tânguioasa puternicile bolti :
(Învierea)
La fonction de la Musique comme prière est à rapprocher, dans ce cas, de
celle qu’on trouve chez Nerval dans la représentation des mystères
chrétiens médiévaux, et dont nous avons donné deux exemples en D.1.
3)
SILENCE Le
silence, c’est l’absence du musique, après la fin, la rupture de
celle-ci. Il ne régit pas fondamentalement l’écriture nervalienne, non
plus qu’une œuvre où le Chant, éternel, transmis par la race, est
adjuvant d’une palingénésie : « cette chanson d’amour,
qui toujours recommence »[79].
Il est, au contraire, un élément-clé de l’œuvre éminescienne, où
l’on remarque très tôt sa présence dans la chronologie des poèmes. L’apparition
du silence semble paradoxalement due à la perte d’une jeune aimée,
douloureusement ressentie par le poète, et qui s’exprime dans des vers
de jeunesse anthumes, mais aussi posthumes :
Din
lyra sparta a mea cântare
Zboar-amortita,
un glas de vânt,
Sa
se opreasca tânguitoare
Pe un mormânt !
(Din
lyra sparta… 1867) L’absence
du Chant se trouve dans ce cas exprimée par la métaphore de la harpe
brisée, qu’on retrouve dans bien d’autres poèmes, notamment dans Mortua
est :
Atunci
graiu-ti dulce în vesti este mut…
…………………………………………….
De
racla ta razim eu harfa mea sparta. Thématiquement,
certes, un rapprochement avec Nerval est possible : on décèle
aussi, dans la biographie de ce dernier, la perte de l’être cher, la
jeune morte – sa mère « morte à vingt-cinq ans des fatigues de
la guerre, d’une fièvre qu’elle gagna en traversant un
pont chargé de cadavres »[80], dans la froide Silésie. Mais, dans ce cas, le lien
avec la morte subsiste, il n’est pas coupé comme chez Eminescu :
Celle
que j’aimais seul m’aime encor tendrement :
C’est
la mort – ou la Morte… O délice, ô tourment ![81] En
fait, le Silence éminescien traduit une autre mort, celle de la jeunesse :
Sa
smulg un sunet din trecutul vietii,
Sa
fac, o suflet, ca din nou sa tremuri
Ca
mâna mea în van pe lira lunec ;
…………………………………………
Si
muta-i gura dulce-a altor vremuri,
Iar
timpul creste-n urma mea… ma-ntunec !
(Trecut-au
anii) et
surtout celle de la pensée, qui s’éloigne inexorablement de l’Aimée
(« Când însusi glasul gândurilor tace », Sonet III)
et l’isole tragiquement de ses semblables : la signification
profonde et hypérionique du Silence éminescien, c’est l’irréparable
perte de la communication avec les Autres :
Sunt
ca lira sparta-n stânca,
Sunt
ca glasul din pustii,
………………………………
De
ce stiu ce-I scris în stele,
Când
în van lumea, o-nvoc .
(Cântecul
lautarului) Le
silence naît du Bruit, destructeur de l’harmonie et du chant cosmique
– c’est-à-dire de la vraie Musique. Celle-ci devient une
appropriation de l’Histoire, du métier, de la guerre, engendrant
ainsi un fond sonore parasite que plus personne n’écoute et qui annule
toute communication entre les hommes de la « ville-fourmilière » :
Se
scurg încet – tarra bumbum,
Ostassi
vin în mars acum,
Naintea
lor tambur major,
Voinic
el calca din picior
Si
tobe tare-n tact ei bat
Si
pasii suna apasat ;
……………………………………
Hamalul
trece încarcat,
Si
orogiile bat –
Dar
nimeni mai nu le asculta
De
vorba multa, lume multa.
(Privesc
orasul furnicar)
4)
HARMONIE L’harmonie
apparaît précisément chez Nerval au moment où deux de ces destinées
se rencontrent dans une grande ville anonyme comme Paris, lient leur
histoire et communiquent en adoptant une « fréquence »
commune de l’être constitué en son :
Elle
a passé, la jeune fille
Vive
et preste comme un oiseau :
A
la main une fleur qui brille,
A
la bouche un refrain nouveau.
…………………………………….
Adieu,
doux rayon qui m’a lui, -
Parfum,
jeune fille, harmonie..L.
(Une
allée du Luxembourg)[82] C’est
la même harmonie qui préside à la rencontre du couple éminescien
« adormind de armonia / Codrului batut de gânduri » :
Îngâna-ne-vor
c-un cânt
Singuratece
izvoare…
(Povestea
teiului) Enfin,
c’est elle qui fait se rencontrer, dans le rêve, Dionis et sa « nouvelle
Ophélie »[83].
5)
DISSONANCE Mais
cette omniprésente harmonie éminescienne est bien fragile. Vaine est la
tentative d’unir le couple en une osmose totale avec les éléments,
comme deux notes ou deux amants en accord parfait :
Tot
pamântul, lacul, cerul… toate, toate ni-s prieteni… ;
(Scrisoarea
IV) car
l’harmonie ne peut unir des êtres incapables de concilier l’être et
le paraître et portant le masque dans l’éternel théâtre du monde. De
là naît la discordance de la Musique éminescienne, qui devient un chant
dépossédé de sa fin (faire s’accorder des cœurs, des voix et des êtres
unis dans la race, comme chez Nerval), une mélodie éternelle dans
sa discontinuité (« strigari iregulare »), condamnant l’un
de ses auditeurs et exécutants possibles – le Poète, être seul, en désharmonie
avec Autrui et avec son image – au chant inachevé, qui d’harmonie
devient cri, hurlement, anarchie, folie :
Dar
organele-s sfarmate si-n strigari iregulare
Vechiul
cântec mai strabate, cum în nopti izvorul sare.
P-ici,
pe colo mai strabate, câte-o raza mai curata
Dintr-un
Carmen
Saeculare ce-l visai si eu odata.
Altfel
suiera si striga, scapara si rupt suna,
Se
împing tumultoase si salbatece pe struna,
Si
în gându-mi trece vântul, capul rde pustiit,
Aspru,
rece suna cântecul cel etern neispravit…
Unde-s
sirurile clare din viata-mi sa le spun ?
Ah !
organsele-s sfarmate si maestrul e nebun ! Si
la musique éminescienne, au diapason de celle d’un Wagner et surtout
d’un Liszt[84],
ouvre de nouveaux univers mentaux, un au-delà du rêve – « une
seconde vie », dirait Nerval - ; si elle fait de l’œuvre
roumaine, plus encore qu’un théâtre dans le théâtre, un très
original Chant dans le Chant – le Je passif éminescien, à l’écoute
du chant des poètes roumains de l’âge d’or (Epigonii), réaccordant
sa lyre brisée pour métamorphoser en Hymne ce chant disparu -, elle précipite
aussi l’être, lui-même virtuellement Musique (« Tu esti ca o
vioara în care sunt închise toate cântarile »[85])
vers la Mort, la dissonance et la folie. La
tragédie d’Eminescu, c’est peut-être d’avoir cru, puis écrit, à
dix-huit ans, sur le recto du feuillet 85 du manuscrit 2254, qu’on
pouvait unir la Musique et le Drame. C’est
peut-être aussi de n’avoir pas su, par l’écriture même, « apprivoiser
le Rêve », comme l’a fait Gérard de Nerval. Il n’y a jamais eu
chez lui « épanchement du songe dans la vie réelle »[86],
et il n’a pas pressenti qu’il existait « entre le monde externe
et le monde interne un lien »[87].
Le rêve et le sommeil éternel sont chez lui – il faut bien l’avouer
– un thème littéraire, une idée philosophique qu’il traite parfois
avec une certaine contradiction ; et c’est presque toujours un Il,
distant du narrateur, qui entreprend dans l’œuvre une descente aux
enfers, et non pas un Je nervalien qui y plonge à chaque page pour donner
une raison d’être à sa vie. En
revanche, Eminescu prouve sa grande originalité, d’une part en
instituant une vision dramatique dans le Drame – rejoignant ainsi
remarquablement un Musset -, en faisant d’autre part du Chant lui-même
un lieu du Chant, relié à l’univers par un dense réseau de
correspondances – retrouvant en cela un Baudelaire et un Mallarmé, et
annonçant un Proust. Enfin,
Gérard de Nerval et Mihai Eminescu se rejoignent dans une alliance de
classicisme et de romantisme (transparence de la phrase et travail du
style, ordre et folie). Tous d’eux se révèlent être de puissants créateurs
d’univers. L’univers du premier semblerait plus implosif, plus intériorisé,
l’écrivain français se cherchant et se regardant narcissiquement dans
un être neaprofundabil – dirait Eminescu ; l’univers de
ce dernier serait plus explosif, plus expansif, l’écrivain roumain géniteur
de cosmos et d’espaces mioritiquement ondulatoires se révélant, dans
les œuvres posthumes surtout, comme un puissant créateur de matière.
Michel
WATTREMEZ
Caietele
Eminescu,
VI, 1985, Bucarest, Editions Eminescu
(c) Michel Wattremez, 1985 pour le texte - for text only
[34]
Opere, 4, Ed.
Minerva, Buc., 1978, Présentation,
p. VIII (George Munteanu).
[35]
Oeuvres, I, p.
241.
[36]
Ibidem, p. 257.
[37]
Ibidem, p. 192.
[38]
Opere, VII, p.
113.
[39]
Epigonii.
[40]
Opera lui Mihai Eminescu,
éd. Andrei Rusu, Minerva, Buc., 1976, vol. 2, p. 126-130.
[41]
Oeuvres, I, p. 70.
[42]
Ibidem, p. 71-72.
[43]
Ibidem, p. 251.
[44]
Ibidem, p. 95.
[45]
Ibidem, p. 241.
[46]
Jean-Pierre Richard, op. cit., p. 81.
[47]
Œuvres, I, p. 246-247.
[48]
Ibidem, p. 131.
[49]
Ibidem, p. 245.
[50]
Ms. 2277, f. 123.
[51]
Opere, VII, p. 95.
[52]
Le thème faustien de l’inanité de la science (Eminescu, Scrisoarea
I) se retrouve chez Nerval dans L’âne d’or, où un paléontologiste
recompose un animal antédiluvien à partir d’un fragment osseux :
« Et voilà tout un monde reconstruit synthétiquement sur un
fragment d’os sorti peut-être de la marmite économique d’un
philanthrope quelconque » (Œuvres, I, p. 551-552).
[53]
On rencontre également la lumière noire dans Viata mea fu ziua :
« Si doua stele negre lucira-n negru foc / Pe cerul vietii mele ;
- iar geniul noroc / Ma lasa-n lume singur, dispare în abis / De nour
si de vis ». A rapprocher peut-être du Soleil noir de la Mélancolie
nervalien. Voir Elena Tacciu, Eminescu si poezia elementelor,
Ed. Cartea
Româneasca, Buc., 1979, p. 301.
[54]
Oeuvres, I, p.
137.
[55]
Ibidem, p. 255.
[56]
Jean-Pierre Richard, op. cit., p. 68.
[58]
Ms. 2283, ff. 43-46.
[59]
Voir George Calinescu, Opera lui Mihai Eminescu, éd. Citée,
2, p. 157. Le critique pense que le thème est tout à fait romantique
et que le mot de folie a, « dans la sphère intellectuelle où
vivait le poète », « des résonances plutôt
philosophiques et non pas une simple acception pathologique »
(Trad. Fr.).
[60]
Pour les rapports éminesciens avec Gautier, notamment en ce qui
concerne la métempsycose, voir I. M. Rascu, op. cit., p.
210-225.
[61]
Opere, VII, p. 96.
[62]
Op. cit., p. 249.
[63]
Le comte de Saint-Germain,
dans Œuvres, I, p. 555.
[64]
Opere, VII, p. 99.
[65]
Ibidem, p. 95-96.
[66]
Ibidem, p. 104.
[67]
Voir la metamorphose de la maison de maître Ruben, quand Dan quitte
ce dernier (idem, p. 102).
[68]
Voir Raymond Jean, op. cit., p. 167-169 (« Le chant, la
voix »).
[69]
Voir L.-H. Sebillotte, Le Secret de Gérard de Nerval,
Librairie José Corti, Paris, 1948, p. 169-170 (analyse musicale de Sylvie).
[70]
Notamment Edgar Papu (Simfonia eminesciana, dans Caietele
Eminescu, I, 1972, p. 13-17), Sextil Puscariu (Eufonia
eminesciana, idem, p. 75-92) et D. Caracostea (Arta cuvântului
la Eminescu, Junimea, Iasi, 1980, coll. « Minesciana »).
[71]
Fantaisie, dans Œuvres,
I, p. 18.
[73]
Ibidem, p. 245.
[74]
Jean-Pierre Richard, op. cit., p. 69.
[75]
Ibidem.
[76]
Exception pour Sarmanul Dionis, Opere, VII, p. 99.
Exemple traité en E4.
[77]
Oeuvres, I, p. 245.
[78]
Voir G. Calinescu, Opera lui Mihai Eminescu, éd. Citée, p.
134-135.
[79]
A J-y Colonna, dans Œuvres,
I, p. 13.
[80]
Œuvres, I, p. 134.
[81]
Artémis, ibidem,
p. 5.
[82]
Ibidem, p. 16.
[83]
Opere, VII, p. 99.
[84]
Un rapprochement avec Chopin est toujours possible; voir, à ce sujet:
Cella Delavrancea, Eminescu oglindit în chopin, în Caitele
Eminescu, IV, 1977, p. 122-140.
[85]
Sarmanul Dionis, dans Opere,
VII, p. 102.
[86]
Aurélia, dans Oeuvres,
I, p. 363.
[87] Ibidem, p. 413.
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