Lycée Joliot Curie 92000 Nanterre
Devoir surveillé
2nde 6 - 2nde 13 Euro
Objet d'étude: le roman et la nouvelle au XIXe siècle: réalisme et naturalisme
Séquences nº 1: le personnage de roman fait son apprentissage de la vie (XIXe siècle)
Commentaire guidé - sujet
Conception: M. Wattremez
À force de
s’appliquer, [Charles Bovary] se maintint toujours vers le milieu de la
classe ; une fois même, il gagna un premier accessit[1]
d’histoire naturelle. Mais à la fin de sa troisième, ses parents le
retirèrent du collège pour lui faire étudier la médecine, persuadés
qu’il pourrait se pousser seul jusqu’au baccalauréat. […]
Le programme
des cours, qu’il lut sur l’affiche, lui fit un effet d’étourdissement :
cours d’anatomie, cours de pathologie, cours de physiologie, cours de
pharmacie, cours de chimie, et de botanique, et de clinique, et de thérapeutique,
sans compter l’hygiène ni la matière médicale, tous noms dont il
ignorait les étymologies et qui étaient comme autant de portes de
sanctuaires pleins d’augustes[2]
ténèbres.
Il n’y
comprit rien ; il avait beau écouter, il ne saisissait pas. Il
travaillait pourtant, il avait des cahiers reliés, il suivait tous les
cours, il ne perdait pas une seule visite. Il accomplissait sa petite tâche
quotidienne à la manière du cheval de manège, qui tourne en place les
yeux bandés, ignorant de la besogne qu’il broie.
Pour lui épargner
de la dépense, sa mère lui envoyait chaque semaine, par le messager, un
morceau de veau cuit au four, avec quoi il déjeunait le matin, quand il
était rentré de l’hôpital, tout en battant la semelle contre le mur[3].
Ensuite il fallait courir aux leçons, à l’amphithéâtre, à
l’hospice, et revenir chez lui, à travers toutes les rues. Le soir, après
le maigre dîner de son propriétaire, il remontait à sa chambre et se
remettait au travail, dans ses habits mouillés qui fumaient sur son
corps, devant le poêle[4]
rougi. […]
Il maigrit, sa
taille s’allongea, et sa figure prit une sorte d’expression dolente[5]
qui la rendit presque intéressante.
Naturellement,
par nonchalance[6],
il en vint à se délier de toutes les résolutions qu’il s’était
faites. Une fois, il manqua la visite, le lendemain son cours, et,
savourant la paresse, peu à peu, n’y retourna plus.
Il prit
l’habitude du cabaret[7],
avec la passion des dominos. S’enfermer chaque soir dans un sale
appartement public, pour y taper sur des tables de marbre de petits os de
mouton marqués de points noirs, lui semblait un acte précieux de sa
liberté, qui le rehaussait d’estime vis-à-vis de lui-même. C’était
comme l’initiation au monde, l’accès des plaisirs défendus ;
et, en entrant, il posait la main sur le bouton de la porte avec une joie
presque sensuelle. Alors, beaucoup de choses comprimées en lui, se dilatèrent ;
il apprit par cœur des couplets qu’il chantait aux bienvenues,
s’enthousiasma pour Béranger[8],
sut faire du punch[9]
et connut enfin l’amour.
Grâce à ces travaux préparatoires, il échoua complètement à son examen d’officier de santé.
Flaubert, Madame Bovary, 1857, première partie, chapitre 1
I.
Conseils généraux
1.
Ton devoir doit faire d’une page à une
page et demie.
2.
Il doit être entièrement rédigé, sans
titre, sans plan numéroté.
3.
Il doit être aéré et lisible, avec des
paragraphes et des alinéas à la française (retraits) ou à l’anglaise
(interligne).
4.
Il doit être rédigé dans un français
correct : orthographe, ponctuation, constructions grammaticales,
vocabulaire précis, connecteurs logiques…
5.
Les citations doivent être placées
« entre guillemets » et accompagnées du (numéro de ligne).
6.
Pour développer les idées et augmenter la
taille du commentaire, il faut donner des arguments, expliquer, définir,
citer.
II.
Construction du commentaire
1.
Commence ton commentaire par un paragraphe
d’introduction, un peu comme ceci :
Ce
passage est extrait du roman Madame Bovary de Gustave Flaubert
(1857). Le romancier réaliste fait le portrait de Charles Bovary jeune.
Le héros débute dans la vie. Ses parents l’envoient au lycée pour
qu’il devienne « officier de santé », c’est-à-dire un
sous-médecin. Nous commenterons ce passage de Flaubert en nous posant la
question suivante : comment l’écrivain caractérise-t-il son
personnage ?
2.
Après cette introduction rédige un deuxième
paragraphe où tu développes l’argument suivant : le caractère de
Charles Bovary évolue (se transforme) dans ce passage. Commente le texte
de Flaubert et explique la métamorphose du héros entre les 3 premiers
paragraphes et les 3 derniers : en quoi consiste exactement la
transformation de Charles ? Pourquoi cette transformation permet-elle
de constater que finalement Charles est un personnage faible et pas sûr
de lui ?
3.
Rédige ensuite un troisième paragraphe où
tu développes l’argument suivant : Charles Bovary est un lycéen
travailleur. Appuie-toi sur le texte de Flaubert : relève les mots
qui confirment ce trait de caractère, expliquent les comparaisons ou métaphores,
les autres figures de style intéressantes et en rapport avec cette idée
d’application.
4.
Puis développe un 4ème
paragraphe en antithèse, dans lequel tu argumentes que malgré ses
efforts Charles est un élève peu doué. Relève dans le texte de
Flaubert les mots négatifs et les figures de style pour exprimer ce défaut
qui le fait échouer à l’examen d’officier de médecine.
III. Plan du commentaire
Par rapport à ce qui a été écrit
plus haut, voici pour finir le plan de ton commentaire qu’on doit
deviner derrière ton commentaire rédigé quand on le lit :
PLAN
Introduction : les références du texte commenté, la
question posée
Développement
I.
Un personnage qui évolue du début à la
fin du passage
II.
Un lycéen travailleur…
III.…
mais peu doué
Conclusion : résumé des arguments du développement, ton
impression sur Charles,
ta comparaison de Charles avec d’autres héros de roman de formation que tu connais : David Copperfield, Denise Baudu, etc.
Carte mentale: caractéristiques de l'écriture réaliste
Carte mentale: caractérisation du personnage de roman
[1] Prix.
[2] Majestueux.
[3] Tout en frappant des pieds contre le mur pour se réchauffer tellement il faisait froid.
[4] Appareil de chauffage à charbon.
[5] De souffrance.
[6] Paresse.
[7] Bar, lieu où l’on joue et où l’on boit de l’alcool.
[8] Auteur de chansons à la mode au XIXe siècle.
[9] Boisson antillaise à base de jus de fruits, de rhum et de sirop de sucre de canne.